Bien que l’on ne connaisse pas exactement le nombre de médecins belges en burn out, une chose est sûre : ils sont de plus en plus nombreux. De plus en plus de journaux et d’études s’intéressent d’ailleurs au sujet, notamment au niveau des médecins en formation, et en font un problème d’utilité publique. En effet, force est de constater que le burn out d’un médecin ne met pas que la santé de ce dernier en danger, mais qu’il entraîne également des conséquences pour les patients, via des risques d’erreur médicale notamment. De ce fait, il est important de traiter le problème globalement et de trouver une solution pour que les médecins puissent s’épanouir totalement dans leur pratique.
Le burn out est assez difficile à diagnostiquer et est souvent une catégorie générale dans lequel on englobe de nombreuses pathologies. Néanmoins, des aspects sont prédominants : le fait de ressentir un épuisement mental extrême, d’adopter une attitude distante ou même cynique par rapport à ces patients - bref, une dépersonnalisation voire une déshumanisation de la patientèle - et de ressentir une nette diminution d’estime de soi professionnelle. Les symptômes qu’implique cette maladie sont plus généraux : fatigue intense, crise d’angoisse, perte de concentration, irritabilité, mal-être, etc. Un des autres problèmes majeurs de cette maladie est que le malade est souvent dans une attitude de déni, ce qui est d’autant plus le cas dans le corps médical.
D’après les études, le taux de suicide des médecins est 2,3 fois supérieur à celui du reste de la population. Un chiffre inquiétant qui mérite que l’on tire la sonnette d’alarme. Ainsi, tous les professionnels de santé sont concernés : médecin généraliste, cardiologue, chirurgien, etc.
Mais qu’est-ce qui cause cet état de souffrance psychique ? Une étude met en lumière plusieurs causes principales dans le cadre hospitalier : la gouvernance inadaptée de l’établissement, le manque de dialogue avec les chefs de service, la charge de travail bien trop élevée (et le stress professionnel qui en découle), la surcharge émotionnelle, les conflits interpersonnels voire même le harcèlement moral sont autant de poids qui pèsent sur les épaules des praticiens hospitaliers.
Au niveau des médecins généralistes, la Fédération des maisons médicales évalue qu’un médecin sur 10 souffre de burn out. Ici, les facteurs déterminants sont les tâches administratives répétitives, le fait d’être constamment sous pression - avec une demande de disponibilité totale et donc un déséquilibre notable entre vie professionnelle et vie de famille, le niveau d’exigence croissant des patients, le manque de reconnaissance, etc.
Les médecins sont d’autant moins enclins à aller consulter un confrère qu’ils ont souvent un statut d’indépendant, ce qui implique une perte de revenu, ou qu’il est difficile de les remplacer. De plus, ils auront une forte propension à l’auto-diagnostic et à l’auto-médication. Enfin et la plupart du temps, ils ont tendance à négliger leur bien-être personnel et à préférer ignorer le problème, pour pouvoir tenter de suivre leur cadence professionnelle infernale - par sens du devoir, par peur des conséquences qu’une baisse de rythme impliquerait, etc. Nous sommes donc face à un cercle vicieux.
Des améliorations et des décisions doivent donc être prises de façon préventive et curatives. Au niveau de la prévention, elle pourrait prendre différentes formes :
Au niveau des soins en lui-même, plusieurs initiatives devraient être prises également :
En attendant, la plateforme "médecin en difficulté" a été mise sur pied et permet aux professionnels de la santé qui le souhaitent de s’exprimer et d’expliciter leurs problèmes, afin que des solutions personnelles leur soient apportées. C’est cette même organisation qui travaille à mettre sur pied des solutions efficaces et globales, qui concernent tant le secteur hospitalier que les médecins en formation ou les médecins généralistes.
A un niveau plus personnel, vous pouvez diminuer le risque de burn out en vous tenant à des horaires définis, qui comprennent des pauses suffisantes et qui ne terminent pas trop tard, en travaillant au maximum chez vous et en évitant les déplacements inutiles, en vous ménageant des vacances et en prenant des congés de manière régulière. Vous pouvez également diminuer votre charge émotionnelle et administrative en passant par des agendas en ligne ou des services de télésecrétariat (Doctoranytime vous propose des services de ce type), en collaborant avec d’autres confrères ou en embauchant une secrétaire médicale. Il est également recommandé de pratiquer des activités sportives et manuelles en dehors du travail. Si vous ressentez certains symptômes, ne tentez pas de vous diagnostiquer par vous-même mais allez voir un confrère médecin qui a l’expérience de ce type de maladie professionnelle (psychologue, psychiatre, etc.) ou faites appel à la plateforme "médecin en difficulté".